La tension est palpable à Tourcoing (Nord), après la mort d’un jeune automobiliste lundi, en tentant d’échapper à un contrôle de police. Depuis, la ville est le théâtre d’émeutes urbaines. Le préfet appelle au calme.
Une quarantaine de voitures et poubelles incendiées, des bus endommagés, la ville de Tourcoing ( Nord) est en proie à des violences urbaines depuis la mort lundi 1er juin d’un jeune automobiliste. En tentant à grande vitesse d’échapper à un contrôle de police, il a percuté un arbre, blessant les deux autres occupants du véhicule, dont un grièvement.
24 interpellations
Au cours des trois nuits suivants le drame, une quarantaine de véhicules et poubelles ont été incendiés, six véhicules de police et deux bus ont été endommagés, et 24 personnes ont été interpellées, selon un bilan diffusé jeudi matin par la préfecture.
Les CRS caillassés
Jeudi dans l’après-midi, des jeunes Tourquennois ont mis le feu à un véhicule. Les pompiers ont du intervenir, protégés par les forces de l’ordre. Les CRS, déployés en nombre, ont essuyé des jets de pierre de la part d’une cinquantaine de jeunes.
Les policiers en rien impliqués ?
"Les policiers ont fait tout leur travail et rien que leur travail. Ils ne sont en rien impliqués" dans le décès du jeune homme, a assuré le procureur de Lille Frédéric Fèvre lors d'une conférence de presse, organisée afin de corriger "certaines inexactitudes et rétablir la vérité".
Selon une version qu'un habitant du quartier a confiée à l'AFP, lors d'"une course-poursuite de 10 à 12 minutes, les policiers ont donné des coups de pare-choc qui ont envoyé la voiture dans l'arbre". Le procureur a expliqué que les policiers avaient décidé d'intercepter la voiture, qui venait de griller un feu. S'apercevant de la présence des policiers, la voiture aurait accélèrée et multipliée les embardées pour éviter les policiers. Face à une route qui était glissante selon les dires, les policiers aurait décidés de ralentir, laissant la voiture prendre de l'avance. C'est dans un virage réputé dangereux que l'accident s'est produit.
Des violences dans la nuit
Une centaine de personnes ont participé aux violences de mercredi à jeudi, au cours desquelles 14 poubelles et 16 voitures ont été brûlées, nécessitant l'intervention des pompiers, mais sans faire de blessés.
A l'issue des incidents de la nuit, 20 gardes à vue "ont été prises pour des violences sur policiers, soit par jets de projectiles, soit avec l'utilisation de véhicules pour foncer sur les policiers, et d'autres gardes à vue ont été prises pour participation à attroupement", a indiqué à l'AFP Bruno Dieudonné, procureur adjoint de Lille.
Une marche en hommage aux victimes
Ces violences intervenaient quelques heures après l'organisation, en hommage aux victimes de l'accident de voiture, d'une marche silencieuse, mercredi après-midi, qui avait rassemblé à Tourcoing une centaine de personnes exigeant la vérité sur ses circonstances. Elle s'était déroulée sans incident, selon la police.
"Il y avait eu très peu de gardes à vue sur les premières nuits; les policiers avaient porté leur action sur le maintien de l'ordre", a expliqué le procureur adjoint. "Il y avait eu en marge des événements quelques interpellations et gardes à vue, un déferrement pour des faits d'outrage et un autre, prévu ce matin, d'un mineur pour jet de projectile sur policier", a-t-il ajouté.
Le dispositif policier renforcé
La préfecture a annoncé un renforcement du dispositif en vue des prochaines nuits. "Près de 150 policiers et gendarmes sont engagés sur le terrain, un hélicoptère appuie l'intervention des forces de l'ordre", peut-on lire dans son communiqué.
Quelques images vidéo prisent par des habitants de Tourcoing :
Hélicopter de la gendarmerie